L'étape est annoncée pour 38km.
Et nous remontons de 270m. à 530m.
Lever à 4h.45
Départ à 5h.50.
Décidément, j'ai vraiment été fortement marquée par mes exploits de samedi. Je me vois mal marcher 38km avec cette chaleur. A ce moment, j'ai décidé de ne pas marcher plus qu'une vingtaine de kilomètres par étape. 'A mon âge, je n'ai plus rien à prouver', me disé-je. Je décide donc que je ferai du stop à un moment donné.
Sur le chemin, nous traversons des prairies, à la frontale. Nous nous trouvons à plusieurs reprises en plein milieu d'un troupeau de bovins. Certains sont, seuls, et en pleine liberté, à moins de 2m. de nous. Et moi qui ai toujours eu peur des vaches, je suis servie.
Mais il n'est plus temps de s'écouter. Une seule chose reste à faire: avancer, quoi qu'il arrive. Et surtout, ne pas montrer que j'ai peur. Mais je ne m'éloigne pas de Maurice.
Nous avons pu admirer un énorme bousier qui traversait le chemin.
Nous arrivons au site romain de Cáparra. C'est impressionnant. Enfin, le voilà, ce fameux arco de Cáparra, dont le dessin figurait sur presque toutes les 'bornes administratives' de la région, et nous avait accompagnés depuis si longtemps. Et toutes ces vieilles pierres sont très intéressantes.
Après une halte pour nous restaurer et photographier, nous poursuivons notre marche.
Nous traversons un gué... à gué; ce qui n'est pas si facile eu égard au poids du sac à dos, ainsi qu'à l'écartement des pierres, sans oublier que la 2ème pierre s'est décalée, et remue.
Nous marchons jusqu'à la route de service du canal, où nous faisons une petite pause. J'ai marché une bonne vingtaine de kilomètres.
A peine y arrivons-nous qu'une voiture passe. Je suis mon impulsion et je lève le pouce pour faire du stop. Il s'agit d'un jeune couple avec une petite fille de 18 mois. Ils acceptent de me prendre, et s'excusent parce qu'ils doivent d'abord faire un détour de 7km pour que le jeune homme conduise sa famille chez sa belle-mère, à Zarza de Granadilla. Mais il me conduira ensuite à Aldeanueva del Camino, qui est sur sa route, car il est pompier à Salamanque et doit rejoindre son service. Il me propose même de me conduire jusqu'à Salamanque.
Je comprends et je leur donne le choix: soit qu'ils me déposent au carrefour de la route; soit que je l'attende près de sa voiture.
Ce n'était pas du tout ce qu'ils voulaient dire. Ils m'expliquent qu'ils m'emmènent chez la vieille dame, et qu'ils m'y offriront un café et des gâteaux. C'est si gentiment dit que j'accepte tout simplement, ce qui les comble de joie.
La grand-mère est seulement surprise de ma présence. Après une courte explication de ses enfants, cette adorable dame me tend les bras et m'embrasse chaleureusement en me disant qu'elle s'appelle Flora.
La petite fille s'appelle Berta. J'ai oublié le nom du jeune couple.
Après avoir bu un café fort apprécié et grignoté des petits gâteaux, je pars avec le jeune homme qui me déposera à l'étape.
J'ai vraiment eu beaucoup de chance. Ces gens sont vraiment charmants. Et Maurice m'apprendra qu'il n'a vu passer aucune voiture sur la route après mon départ.
Je réalise combien c'est formidable de se fondre dans l'Espagne profonde, et combien les gens sont gentils et spontanés.
A Aldeanueva del Camino, je fais signer ma credencial à l'ayuntamiento. Je rejoins la voisine de l'albergue municipal qui me donne les clefs au vu de ma credencial et contre 5,00 €. Je choisis nos literas, dans une chambre à seulement deux literas. Je fais les courses. Je repère le restaurant où nous allons manger la comida. J'indique l'albergue à des peregrinos qui arrivent.
Et Maurice arrive.
Après la sieste imposée, nous visitons le village. Nous recherchons, en vain, la 3ème plaque explicative en céramique annoncée par le guide.
Nous repérons le chemin pour le départ de demain, et nous suivons la messe.
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