L'étape est annoncée pour 20,300 kms
Nous 'remontons' 64m. à 256m.
Lever à 6h.58
Départ à 8h
Arrivée vers 13h.30
Le grand jour est enfin arrivé! Nous partons, sous la pluie, pour la dernière étape de notre pèlerinage. Dans quelques heures, si Dieu le veut, nous serons à Saint-Jacques de Compostelle.
Nous attaquons d'emblée une forte montée qui nous conduit à la capilla de Santiaguiño et la fontaine qui lui fait face, et jusqu'au Pico Sacro. Le camino passe fort agréablement entre les eucalyptus. C'est génial. On ressent l'air différemment. Cette senteur d'eucalyptus donne l'impression de dégager le nez. Ensuite, par des montées et des descentes plus ou moins fortes, nous atteignons Lestedo, puis Susana.
Je ne suis pas fâchée d'y arriver pour boire un café. Je n'étais pas très en forme jusque là. Maintenant, je repars d'un meilleur pied.
Ici, les vignes sont placées sur des supports en béton et cultivées horizontalement..
Sur le chemin, des chiens sortent de leur propriété, et, très menaçants, nous poursuivent avec insistance. La menace des bâtons ne les intimide même pas. Nous avons dû en toucher un pour qu'ils retournent chez eux. Un peu plus loin, un chien fait un curieux manège: nous surplombant du haut d'un mur, il s'acharne tellement à aboyer, qu'il manque de peu de tomber... de 3 ou 4m., tout de même.
Nous atteignons l'ermita de Santa Lucía. Et c'est par le Camino Real, qui traverse les villages de Piñeiro, et d'Angrois, dont il porte successivement les noms, que nous arrivons à Saint-Jacques de Compostelle avec le soleil pour ami.
Les pieds sur la Calzada romana, nous sommes très émus de voir les tours de la cathédrale. Nous descendons jusqu'au Río Sar, que nous traversons puis nous remontons la forte pente vers la cathédrale.
Des peregrinos cyclistes nous doublent dans les rues. Ils ont bien du mal à grimper la pente. Certains montent même en zigzag. Eh bien, le camino, bien que plus long, et contraignant à porter le sac à dos, serait-il plus facile à pieds qu'en bicyclette?
Nous entrons par la puerta de Mazarelos, la seule qui reste des antiques murailles. Nous montons toujours jusqu'à la praza del Obradoiro, la place du parvis de la cathédrale.
Ils sont bien oubliés, tous les 'petits maux' qui peuvent empoisonner la vie! Bien oubliés les petites tracasseries qui ont pu nous perturber! Bien oublié, le poids du sac à dos, et le sac à dos lui-même! Bien oubliées, la fatigue physique et la lassitude morale!
Rien ne compte plus, maintenant, que les tours de la cathédrale, qui se rapprochent. Rien ne reste plus dans ma pensée que les intentions pour lesquelles j'ai prié tout au long du chemin. Mais, même celles-ci semblent loin. Sans compter tous les braves gens qui nous ont aidés, tout au long du chemin. Et c'est en bloc, toutes emmêlées, que je les porte en moi.
Mon Dieu! Quel bonheur! Que d'efforts récompensés dans ces quelques minutes! Tant d'années rassemblées dans cet instant! Le rêve s'est fait réalité!
Grand merci à tous ceux, femmes et hommes, qui nous ont aidés, chacun à sa façon., avec tant de spontanéité, de bonne volonté et de chaleur humaine. Parfois, un sourire; un simple geste; quelques mots; de sérieuses explications; un verre de boisson fraîche; nous accompagner... Tant de 'petites choses' qui, dans notre situation, ont été d'une si grande importance!
Et surtout, grand merci à Maurice!
Sacs sur le dos, nous entrons dans la cathédrale par le Pórtico de la Gloria. Je prends mon tour pour poser la main sur el Árbol de la Vida, appuyer trois fois mon front sur la tête de Maestro Mateo, enfiler mes mains dans les 'poissons', contourner la colonne et poser la main sur la tête de la statue.
Il n'est pas possible à ce moment de monter donner l'accolade à la statue de Saint-Jacques. Mais nous pouvons rejoindre la pension Raxoi où nous avons réservé une chambre pour 25,00euro la nuit. Nous avons de la chance, c'est la plus proche de la praza del Obradoiro, et même notre chambre touche le Colexio de San Xerome.
Nous faisons nos courses pour jusqu'à lundi midi ;nous mangeons la comida au restaurant voisin; puis nous prenons le petit train pour visiter la ville.
Nous allons à la Casa do Deán, dans laquelle est installée la Oficina do Peregrino, qui signera nos credenciales, et décernera à chacun le diplôme qu'il mérite.
Pendant quelques secondes, je suis comme hypnotisée par ce diplôme. Il représente tellement pour moi. Je ne peux pas expliquer. Les mots me manquent.
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