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Via plata
9 octobre 2006

VIA PLATA - CHEMINEMENT A 4 PIEDS

Les carnets d'un mécréant et d'une pèlerine

Préliminaires

Le trek du mécréant

Effectuer un trek de plusieurs semaines, d'un grand nombre de kilomètres me tentait depuis fort longtemps déjà.
En partant de chez soi, le premier raid qui vient à l'esprit est de se rendre à Saint Jacques de Compostelle par le GR 65 puis le Camino Frances en Espagne. Il y aussi les raids dans d'autres contrées plus éloignées mais pourquoi aller aussi loin alors que l'aventure commence dès sa porte franchie.

Pour cette randonnée, je partais avec Claudette qui n'avait pas l'expérience de ce genre d'activité, de sport. Je ne comptais que sur son fervent désir de marcher jusqu'à Saint Jacques de Compostelle ; d'effectuer le pèlerinage vers Santiago de Compostella.

Si la foi fait déplacer les montagnes, il fallait néanmoins que le parcours reste dans les limites de la faisabilité pour quelqu'un qui n'avait que l'habitude des trottoirs asphaltés et du monde minéral.

Lors d'une précédente marche d'une quinzaine de jours, j'avais entendu parler de la Via Plata qui relie Séville à Saint Jacques de Compostelle.
Après des recherches sur internet, je constatais que le parcours de la Via Plata pouvait convenir essentiellement du fait qu' il comportait peu de dénivelé sur la première moitié du trajet. Son profil était presque plat dans cette partie contrairement au GR 65 où dès Le Puy-en-Velay, le chemin présentait des montées conséquentes que je connaissais pour avoir effectué le parcours Auxerre, Le Puy-en-Velay, Pamplona.

 Préliminaires

C'est donc une pèlerine et un mécréant qui se sont lancés sur les chemins ibériques entre Séville et Saint Jacques de Compostelle en l'an 2006 pour un trek ou un pèlerinage ; bref une randonnée de 1 000 kilomètres.
J'appréhendais quand même cette aventure car cette marche n'était elle pas un effort trop violent demandé à la pèlerine ? Tiendrait-elle face à la fatigue engendrée par les difficultés du parcours et les efforts physiques intenses ?
Comme je l'ai toujours pensé et la confirmation m'en a été apportée lors de ce raid, la marche est à 95% une question de volonté (ou de foi mais où est la différence); les 5% restant relevant des capacités physiques.

Une seule inconnue nous était commune ; comment réagirions-nous par rapport à la chaleur à l'époque de cette randonnée ?
La réaction fut bonne et aucun malaise important n'est survenue au cours de cette marche. Tout a été mis en œuvre pour éviter l'insolation ; essentiellement des règles très simples comme boire suffisamment, éviter de marcher après 14 heures, etc...
Bref, rien que des recettes de bons sens !

Le voyage de la pèlerine

 Préliminaires

Depuis près de 20 ans, une idée courait en moi, sous-jacente, mais tenace: faire le pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle.
Comment la réaliser?
La vie quotidienne ne me le permettait pas,
Mais, j'en parlais de temps en temps.
Jusqu'au jour où j'en ai parlé à Maurice...

Tout arrive... en son temps!

Comme par magie, Maurice, retraité comme moi, a su organiser ce qu'il appelle un trek, et moi un pèlerinage. Il a trouvé sur Internet presque toutes les informations nécessaires.

Nous ne voulions pas la facilité des moyens modernes (voiture, bicyclette...). Nous voulions faire un effort, mériter la joie de pouvoir dire: « Je l'ai fait !».

Maurice, randonneur émérite, a déjà effectué le chemin entre Le Puy et Pampelune. Il connaît également mes capacités de randonneuse peu expérimentée... Il me propose donc de marcher les 1.000km entre Séville et Saint-Jacques de Compostelle, sur le Camino de la Via de la Plata, jusqu'à Montamarta, puis sur le Camino Mozárabe, jusqu'à Santiago de Compostela.
La longueur des étapes sera fonction des possibilités d'hébergement. Nous aurons 40jours de marche, avec un jour de repos à Salamanque, à Zamora et à Ourense.

Nous nous conformerons aux horaires de la vie espagnole: comida (déjeuner) à partir de 14h.30... et cena (dîner) à partir de 21h.30.
Notre décision est vite prise: nous mangerons la comida à notre arrivée; pour le dîner, nous mangerons des fruits et/ou quelques gâteaux secs. D'ailleurs, c'est prouvé, on dort mieux lorsqu'on mange plus légèrement le soir.
Il faut penser que tout est fermé entre 16h.00 et 19h.00 dans les villages. Alors, nous ferons l'étape d'une traite, pour arriver pour la comida et ne pas avoir à repartir l'estomac lourd.

Nos moyens financiers ne nous permettraient pas le confort journalier d'un hôtel. Nous marcherons en tant que peregrinos; et dormirons dans les albergues de peregrinos, après avoir fait signer la Credencial del Peregrino. Bien sûr, sans possibilité d'albergue, nous dormirions dans un refugio, un hostal, une pension, une casa rural, ou un hotel.

Une immersion complète dans l'Espagne profonde. Mes connaissances d'Espagnol remontent à 45 ans en arrière. Internet nous apprend que le meilleur guide sur ce trajet est espagnol, et que nous pourrons l'acheter à Séville. Qu'à cela ne tienne, je porterai mon dictionnaire de poche bilingue (270g.). Je serai donc chargée de la communication. Maurice, qui se dit 'imperméable aux langues', après un por favor, emploiera le langage, universel, des signes.

Comme je ne suis qu'une randonneuse peu expérimentée, Maurice établit des directives pour m'entraîner sommairement la semaine précédent notre départ. Le dernier jour de mon entraînement, à cause de chaussettes inadaptées, je reviens avec des ampoules sous les deux pieds, à la racine des gros orteils. Il s'ensuit que le lendemain, dimanche 20 août, je ne peux pas suivre notre groupe dans sa randonnée hebdomadaire. Je décide donc, en introduction à ce pèlerinage, d'aller à la grand-messe à la cathédrale Saint-Bénigne de Dijon.

Et que nous apprend l'évangile de ce jour?
«Quittez votre folie, et prenez le chemin...»

Vous avez dit «?...?...?»

Ca y est! Le jour du départ est arrivé.

Me revient alors en mémoire ce proverbe asiatique: «Tout voyage commence par un pas». Nous partons pleins d'optimisme, ayant notamment en poche nos billets de retour Burgos-Paris dans le train de nuit du 10 au 11 octobre. Le train démarre à 16h11 de Dijon et nous dépose à la gare de Lyon à 17h.51.
Nous dînons avec Joseph et Marielle près de la gare d'Austerlitz avant de rejoindre le train de nuit pour Madrid dont le départ est programmé à 19h.43.

Ah, ces trains de nuit espagnols... compartiments de quatre femmes... compartiments de quatre hommes. Internet était implacable: préciser son sexe avant l'obtention de tout billet. Dépaysement! Dépaysement!

Trois charmantes dames espagnoles partagent mon compartiment. L'une d'elles parle Français et me donne quelques indications utiles.

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