Depuis près de 20 ans, une idée courait en moi, sous-jacente, mais tenace: faire le pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle.
Comment la réaliser?
La vie quotidienne ne me le permettait pas,
Mais, j'en parlais de temps en temps.
Jusqu'au jour où j'en ai parlé à Maurice...
Tout arrive... en son temps!
Comme par magie, Maurice, retraité comme moi, a su organiser ce qu'il appelle un trek, et moi un pèlerinage. Il a trouvé sur Internet presque toutes les informations nécessaires.
Nous ne voulions pas la facilité des moyens modernes (voiture, bicyclette...). Nous voulions faire un effort, mériter la joie de pouvoir dire: « Je l'ai fait !».
Maurice, randonneur émérite, a déjà effectué le chemin entre Le Puy et Pampelune. Il connaît également mes capacités de randonneuse peu expérimentée... Il me propose donc de marcher les 1.000km entre Séville et Saint-Jacques de Compostelle, sur le Camino de la Via de la Plata, jusqu'à Montamarta, puis sur le Camino Mozárabe, jusqu'à Santiago de Compostela.
La longueur des étapes sera fonction des possibilités d'hébergement. Nous aurons 40jours de marche, avec un jour de repos à Salamanque, à Zamora et à Ourense.
Nous nous conformerons aux horaires de la vie espagnole: comida (déjeuner) à partir de 14h.30... et cena (dîner) à partir de 21h.30.
Notre décision est vite prise: nous mangerons la comida à notre arrivée; pour le dîner, nous mangerons des fruits et/ou quelques gâteaux secs. D'ailleurs, c'est prouvé, on dort mieux lorsqu'on mange plus légèrement le soir.
Il faut penser que tout est fermé entre 16h.00 et 19h.00 dans les villages. Alors, nous ferons l'étape d'une traite, pour arriver pour la comida et ne pas avoir à repartir l'estomac lourd.
Nos moyens financiers ne nous permettraient pas le confort journalier d'un hôtel. Nous marcherons en tant que peregrinos; et dormirons dans les albergues de peregrinos, après avoir fait signer la Credencial del Peregrino. Bien sûr, sans possibilité d'albergue, nous dormirions dans un refugio, un hostal, une pension, une casa rural, ou un hotel.
Une immersion complète dans l'Espagne profonde. Mes connaissances d'Espagnol remontent à 45 ans en arrière. Internet nous apprend que le meilleur guide sur ce trajet est espagnol, et que nous pourrons l'acheter à Séville. Qu'à cela ne tienne, je porterai mon dictionnaire de poche bilingue (270g.). Je serai donc chargée de la communication. Maurice, qui se dit 'imperméable aux langues', après un por favor, emploiera le langage, universel, des signes.
Comme je ne suis qu'une randonneuse peu expérimentée, Maurice établit des directives pour m'entraîner sommairement la semaine précédent notre départ. Le dernier jour de mon entraînement, à cause de chaussettes inadaptées, je reviens avec des ampoules sous les deux pieds, à la racine des gros orteils. Il s'ensuit que le lendemain, dimanche 20 août, je ne peux pas suivre notre groupe dans sa randonnée hebdomadaire. Je décide donc, en introduction à ce pèlerinage, d'aller à la grand-messe à la cathédrale Saint-Bénigne de Dijon.
Et que nous apprend l'évangile de ce jour?
«Quittez votre folie, et prenez le chemin...»
Vous avez dit «?...?...?»
Ca y est! Le jour du départ est arrivé.
Me revient alors en mémoire ce proverbe asiatique: «Tout voyage commence par un pas». Nous partons pleins d'optimisme, ayant notamment en poche nos billets de retour Burgos-Paris dans le train de nuit du 10 au 11 octobre. Le train démarre à 16h11 de Dijon et nous dépose à la gare de Lyon à 17h.51.
Nous dînons avec Joseph et Marielle près de la gare d'Austerlitz avant de rejoindre le train de nuit pour Madrid dont le départ est programmé à 19h.43.
Ah, ces trains de nuit espagnols... compartiments de quatre femmes... compartiments de quatre hommes. Internet était implacable: préciser son sexe avant l'obtention de tout billet. Dépaysement! Dépaysement!
Trois charmantes dames espagnoles partagent mon compartiment. L'une d'elles parle Français et me donne quelques indications utiles.
|