Via plata : casar-canaveral
9 septembre 2006

VIA PLATA - CHEMINEMENT A 4 PIEDS

Les carnets d'un mécréant et d'une pèlerine

Etape : 15 - Casar de Cáceres - Cañaveral

Le trek du mécréant

La nuit a été très bruyante car c'était la fête provinciale de l'Estrémadure et donc jour férié.
Partis, non pas à la frontale, mais au clair de lune, c'était la pleine lune et la piste était facile à marcher.

Sur le bord du chemin, il y a beaucoup de bouteilles en plastique. Je suis tenté de penser que les gens qui font la Via-Plata n'ont pas l'esprit marcheur car un vrai marcheur est respectueux de la nature et emporte ses détritus. Comme exemple, je pense à ce Catalan parti avec nous ce matin. Au départ, il avait sa bouteille presque vide. Au bout de quelques kilomètres, il n'avait plus sa bouteille à la main. D'ailleurs, en fin de parcours, il m'a sollicité pour que je lui donne un peu d'eau à mettre dans un fond de vin d'une autre petite bouteille en plastique.
N'importe quoi !!!
Partir sur une si longue étape sans une quantité de boisson suffisante. De la pure inconscience.
Autre exemple. On a rencontré une personne qui avait déclenché les secours car il avait une insolation sur le chemin. C'est de l'inconscience de marcher l'après-midi, et en plus il était déjà sujet à ce malaise. Les pouvoirs publics espagnols doivent faire face à de « sacrés rigolos ou zigotos » pour leur porter secours. J'espère que les secours font payer très chers leurs services.

Pour ce qui nous concerne, c'est une première longue étape. 34 km et un dénivelé de 400 mètres environ. Pour une fois, ce n'était pas presque plat.

A l'entrée de Cañaveral, une femme nous a proposé de l'eau fraîche. Elle est revenue avec une grande thermos de gazpacho que nous avons grandement apprécié. Qu'elle soit de nouveau remerciée pour ce geste dont nous nous souviendrons très longtemps.

En l'absence de gîte, nous choisissons l'hébergement dans un hostal tout confort pour récupérer de cette première longue journée de marche et en vue de l'étape de demain qui fera 29 km.

Cañaveral est le village que l'on voyait au loin au départ de ce matin et que l'on a aperçu plusieurs fois par la suite selon le profil du chemin.

15 - Casar de Cáceres - Cañaveral

Le voyage de la pèlerine

L'étape est annoncée pour 33,700km.
Nous passons de 381m. à 364 m., avec tellement de montées/descentes.

Lever à 5h.00... Les jours se suivent et ne se ressemblent pas!
Départ vers 5h.50
Arrivée à 13h.00.

Je n'ai pratiquement pas dormi de la nuit: un bec de gaz illuminait ma litera, et j'ai entendu l'horloge du clocher, doublée par celle de l'ayuntamiento, tous les quarts d'heure jusqu'à 3h.45 du matin; sans oublier des Espagnols qui parlaient très fort, loin dans la nuit. Sur le chemin, il m'arrive de voir trouble. Je tiens jusqu'à environ 32km, mais les deux derniers me sont très pénibles. Je sens mes pieds terriblement échauffés. Je dois m'arrêter quelques minutes, sinon j'ai peur d'attraper des ampoules. Je n'arrive pratiquement plus à marcher. Et toujours ce soleil...

Le camino suit la voie romaine sur de nombreux tronçons. De nombreuses bornes milliaires jalonnent le chemin.
A l'embouchure du río Almonte et du río Tajo, dans le barrage de Alcántara, apparaît la Torre Floripes.

L'un des peregrinos espagnols, Luis, un homme d'environ 50ans, fait le chemin avec nous. Il est parti avec à peine ½l. d'eau et le reste de son vin de table de la cena. Maurice lui donne ½l. d'eau pour le remettre sur pieds. Au moment où je dois m'arrêter, il nous dit qu'il va continuer seul son chemin jusqu'à une autre étape.

Peu après le barrage, le camino, longeant la route, s'amuse à grimper dans la montagne, pour redescendre peu après vers la route, en pentes sérieuses, et dans des cailloux qui roulent sous nos semelles. Bien sûr, nous avons de beaux points de vue, mais pourquoi se fatiguer aussi inutilement? De la route, la vue était déjà fort belle.

A l'entrée du village, une dame adorable nous propose spontanément de l'eau fraîche. Nous acceptons simplement. Elle revient effectivement avec de l'eau fraîche et un bidon d'un succulent gazpacho, le meilleur qu'il nous ait été donné de déguster en Espagne.
Ce délicieux gazpacho m'a redonné un tout petit peu de forces. Je me traîne le long de la rue qui me semble interminable jusqu'à l'auberge, où, pour 15,00euro/pp, nous trouvons une chambre avec deux bons lits.
Arrivés devant l'auberge, nous rencontrons le pèlerin belge qui avait partagé notre dortoir à Mérida. Il doit rentrer d'urgence chez lui, car il s'est fait secourir la veille, évanoui sur le camino.

Je m'affale sur mon lit, et somnole jusqu'à 14h.30. Le sang me fait mal en circulant dans mes pieds.
Nous descendons manger la comida au restaurant de l'albergue.
Vers 15h.45, nous voyons arriver l'autre pèlerin espagnol qui était avec nous dans l'albergue de la veille. Lui aussi doit avoir la cinquantaine. Il a l'air complètement ahuri. Il nous apprend qu'il a marché les 29km sans une goutte d'eau.
Vous avez dit...?...

Vers 19h.00, nous allons visiter la ville. Nous poussons même jusqu'à l'ermita de San Cristóbal...
Nous revenons à l'auberge partager une ensalata.
Et surtout nous coucher très tôt.

 Via Plata - droits réservés © 2006