1erjour de pèlerinage:
Le guide indique que l'étape compte 22,200km.
Les distances sont toujours calculées d'église (ou cathédrale) à église.
Nous restons pratiquement au même niveau: de 0 à 26m.
Alea jacta est!
Réveil à 6h.00
Nous sortons à 6h.40 de l'auberge de jeunesse avec notre «panier-déjeuner», pour rejoindre la cathédrale de Séville, point de départ officiel de notre pèlerinage.
Mon sac à dos doit peser environ 15kg; avec les 3l.½ d'eau indispensables...
A 7h.13, Maurice me prend en photo devant la cathédrale. Je dois avoir une de ces touches, avec mon chapeau et mon sac à dos d'où dépassent mes bâtons de randonneur... Mais, à ce moment, rien n'importe plus que de réaliser mon rêve. Le plus important, c'est surtout de pouvoir tenir jusqu'au bout... atteindre Saint-Jacques de Compostelle... car rien n'est jamais acquis. Le guide nous a souligné pas mal de difficultés.
Bien sûr, Maurice les minimise systématiquement!
Le départ a lieu à 7h.30.
Les flèches jaunes sont au rendez-vous!
Arrivés au Guadalquivir, nous devons prendre un pont pour piétons. Malheureusement, c'est jour de marché et, au moment où nous arrivons, un camion nous cache la flèche. Nous marchons pratiquement 2km le long du Guadalquivir avant de nous rendre compte que nous devons revenir sur nos pas. Effectivement, la flèche était bien là. Et je reconnais le fameux camion, garé un peu plus loin.
Nous traversons les petites villes de Camas et Santiponce, dans la banlieue de Séville, ce qui fait que nous marchons dans une sorte de 'ville continuelle' jusqu'à Santiponce. Cependant, nous apprécions de trouver vers 9h.00 un bar ouvert pour prendre un café/croissant.
Maintenant, plus question de faire du tourisme qui nous détournerait de notre chemin et/ou nous retarderait. Dommage pour Santiponce, où se trouvent le monastère de San Isidoro del Campo, ainsi que les ruines romaines de Itálica, que traverse la route.
A partir de Santiponce, le Camino s'enfonce en pleine campagne; une campagne aride. Il n'y a pratiquement pas d'arbres. Donc, pas d'ombre! La chaleur est encore supportable, mais monte en puissance jusqu'à 10h.00. Là, je suis obligée de m'enduire de crème solaire.
A partir de 11h.00, c'est pratiquement intenable. Dans Madrid et Séville, nous avions marché tout le jour, mais nous restions à l'ombre. Dans cette étape: rien!
Nous arrivons à un 'carrefour'. Le camino propose deux possibilités: à gauche, il file un long ruban sablonneux, mais c'est la voie des cyclistes. Nous prenons donc à droite, et nous enfonçons dans un sentier (et c'est le faire monter en grade) envahi d'une forte végétation, qui nous fait descendre dans le lit d'un arroyo... plus haut que moi... avec le sac à dos... Alors, surgi d'on ne sait où, un brave paysan nous explique que ce 'sentier' n'est plus pratiqué, et qu'il nous faut utiliser la voie des cyclistes.
Nous apercevons le village à quelque 4km, mais la route semble tourner et retourner à plaisir, s'amusant à l'éloigner à chaque virage. Cela me sape le moral. Je faiblis à la fin, la chaleur aidant.
Enfin, nous arrivons à Guillena à 14h.00, après 22,200+4+1,5=27,700km de marche. J'arrive à l'étape complètement épuisée. Je me traîne lamentablement jusqu'à un bar où j'ai bien du mal à avaler un plat.
Pour comble de malheur, l'hostal Francés est fermé pour travaux. Nous devons nous retourner vers le refuge au polideportivo (centre omnisports) qui offre «suelo y ducha» (sol et douche). Cela veut bien dire ce que ça dit. Nous dormirons effectivement dans les vestiaires du centre omnisports, couchés sur des tapis de sol de sport, de 2 à 3cm d'épaisseur, posés à même le carrelage, avec les WC et les douches pratiquement dans la pièce.
Nous avions lu dans le guide d'en demander les clefs à la police locale. Heureusement, nous la rencontrons au cours de sa ronde. Nous l'arrêtons. Un policier nous confie les clefs.
Par la suite, nous voulons demander un renseignement à la police, mais impossible de les recontacter, même à leur poste.
Une charmante passante répond à nos questions et nous propose même son aide au cas où...
Il fait tellement chaud que notre petite lessive sèche en moins de une heure.
(A noter que des peregrinos que nous rencontrerons ultérieurement nous apprendront qu'il avait fait 48ºC. à Guillena à cette période).
Maurice va se baigner dans la piscine.
Pour ma part, je ne tiens pratiquement pas debout. J'ai vraiment pris un coup de chaud dans la matinée. Je me couche vers 18h.00 avec deux comprimés de paracétamol, après deux douches, et sans dîner...
Pendant ce temps, Maurice arrive à trouver (péniblement, car nous sommes samedi) un bar qui peut signer nos credenciales et un autre bar où il ira seul manger quelque chose.
A 4h.25, réveil en fanfare: une cigale chante juste à notre tête! Il nous faut d'abord la trouver. Maurice fait des photos. Puis il faut la faire sortir. Quelle chance, dans un sens, c'est tellement rare de pouvoir voir de près une cigale! A 4h.50, nous pouvons enfin nous rendormir jusqu'à 6h.00
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